Étonnantes bandes de chats

Si le chat est un solitaire, il peut tout de même, lorsque les circonstances l’exigent, se montrer grégaire. C’est ainsi qu’on le rencontre dans certaines villes, cohabitant avec des congénères au sein de bandes plus ou moins nombreuses.

Ce phénomène essentiellement urbain concerne les chats errants qui se regroupent en colonies pour occuper les espaces laissés libre par l’urbanisation (terrains vagues, chantiers à l’abandon…) ainsi que certains lieux publics ouverts (parcs, jardins, cimetières) ou fermés comme les hôpitaux.
Ce regroupement est conditionné par l’approvisionnement en nourriture ; les chats peuvent trouver leur pitance dans les ordures ménagères, ou auprès de bonnes âmes, isolées ou plus ou moins organisées, qui leur assurent une distribution régulière de nourriture.
Ces bandes de chats dits « libres » sont souvent protégées par des associations de défense animale qui, outre l’apport alimentaire,se chargent de les stériliser, de les vacciner et de les soigner si besoin est.

Les chats du Père-Lachaise

A paris, les amoureux du cimetière du Père-Lachaise, dans le XXe arrondissement, connaissent bien ces squatters : l’un surgit au détour d’un chemin pour se perdre au cœur d’un bosquet, un autre se cache derrière une stèle ou disparaît mystérieusement comme aval » par une chapelle ; les moins timides font leur sieste sur les pierres tombales; des chatons se poursuivent dans le dédale des allées…
C’est toute une communauté féline qui s’organise autour des sources de nourriture et des abris. On en dénombre quelques centaines qui occupent la partie la plus ancienne du cimetière, dont les tombes et les chapelles non entretenues offrent une multitude de cachette. Ces hôtes discrets apportent une touche supplémentaire de douce mélancolie et de mystère à ce lieu d’éternité.

Rome, la ville des chats

Autre lieu de pérennité: Rome, la ville des chats. Ils sont partout, dans les ruines, les jardins, les placettes, les arrière-cours des restaurants…Et en plein cœur de la capitale, ils ont leur sanctuaire, le Largo di Torre Argentina, où ils ont élu domicile dans les vestiges de temples antiques.
Les Romains sont fiers de leurs chats : depuis janvier 2003, ils sont considérés comme « patrimoine bioculturel » de la ville. Nourris, soignés, stérilisés notamment par les gattare, ces personnes dévouées qui s’en occupent au quotidien et à leurs frais, ils sont symbole de tranquillité et de douceur de vivre à l’italienne.
Ces citoyens romains habitent la Ville éternelle depuis toujours. En 1915 , dans Les Heures Longues, Colette nous dépeint ainsi le peuple chat du forum de Trajan :

« Obéissant à l’appel, un chat, deux chats, trois chats approchent, convergeant vers le Forum. L’un d’eux vient d’une rue, ) pas comptés, l’autre surgit de son impasse, s’arrête pour donner un coup de langue à son flanc et repart. Une chatte blanche, assurée, descend au Forum contre nos pieds, en glissant le long du mur comme une coulure de cire. Deux matous rivaux, parvenus au parapet, s’empoignent, sans un cri, sans un feulement, et roulent en nœuds de serpents. Tous sont de longs chat musculeux, grands, ils ont la cuisse aplatie, le nez busqué de l’ancêtre égyptien. Aucun ne montre la hâte furtive, l’allure palpitante et inégale de la bête errante ou traquée. »Colette